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Le viol de la princesse Tamar
1Absalom, un fils de David, avait une sœur qui était très belle et qui se nommait Tamar13.1 Fille de Maaka, princesse de Gueshour (3.3). Amnôn était fils d’Ahinoam, première femme de David ; il était le fils aîné de David, donc l’héritier présomptif du trône (3.2).. Amnôn, un autre fils du roi David, en tomba passionnément amoureux.
2Il se rongeait tant à propos de sa demi-sœur qu’il s’en rendait malade, car elle était vierge et il lui semblait impossible de l’approcher13.2 Les filles non mariées vivaient dans l’appartement des femmes et ne fréquentaient guère les hommes, pas même leurs demi-frères..
3Amnôn avait un ami nommé Yonadab, un fils de Shimea, le frère de David. C’était un homme très astucieux.
4Il demanda à Amnôn : Fils du roi, pourquoi es-tu si déprimé ? Chaque matin tu parais l’être davantage. Ne veux-tu pas m’en dire la cause ?
Amnôn lui répondit : Je suis amoureux de Tamar, la sœur de mon frère Absalom.
5Yonadab lui dit alors : Mets-toi au lit et fais comme si tu étais malade. Quand ton père viendra te voir, dis-lui : « Permets à ma sœur Tamar de venir me faire à manger, qu’elle prépare le repas sous mes yeux afin que je la voie faire, puis je mangerai de sa main. »
6Amnôn se mit donc au lit et fit semblant d’être malade. Le roi vint le voir et Amnôn lui dit : Fais venir ma sœur Tamar pour qu’elle me prépare deux galettes sous mes yeux, et je les mangerai de sa main.
7David envoya dire à Tamar dans son appartement : Va chez ton frère Amnôn et prépare-lui son repas.
8Tamar se rendit donc chez son frère Amnôn et le trouva couché. Elle prépara de la pâte et la pétrit, puis confectionna des galettes devant lui et les fit cuire.
9Ensuite elle prit la poêle et lui en servit le contenu devant lui, mais il refusa d’en manger et dit : Faites sortir tout le monde d’ici.
Tous se retirèrent.
10Alors il demanda à Tamar : Apporte-moi ces galettes dans ma chambre pour que je les mange de ta main.
Tamar prit les galettes qu’elle avait faites et les apporta à son frère Amnôn dans sa chambre.
11Au moment où elle les lui présentait, il l’empoigna et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur !
12Mais elle s’écria : Non, mon frère, ne me fais pas violence ! Cela ne se fait pas en Israël13.12 Voir Dt 22.23-29.. Ne commets pas une telle infamie !
13Après cela, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais considéré comme un individu méprisable dans notre peuple. Pourquoi ne parles-tu pas au roi ? Il ne refusera pas de me donner à toi.
14Mais il ne voulut rien entendre, et comme il était plus fort qu’elle, il lui fit violence et coucha avec elle.
15Après cela, il conçut pour elle une forte aversion, plus violente que la passion qu’il avait éprouvée pour elle. Tout à coup, il lui ordonna : Lève-toi, va-t’en !
16– Non, lui dit-elle, en me chassant, tu commettrais un crime encore pire que le mal que tu m’as déjà fait.
Mais il ne voulut pas l’écouter.
17Il appela le domestique qui était à son service et lui ordonna : Débarrassez-moi de cette fille ! Jetez-la dehors et verrouillez la porte derrière elle !
18Elle portait jusque-là une longue robe multicolore, car c’était autrefois la tenue des princesses aussi longtemps qu’elles étaient vierges. Le domestique la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle.
19Alors Tamar répandit de la cendre sur sa tête, elle déchira sa longue robe, se prit à deux mains la tête, puis elle partit en poussant des cris.
20Son frère Absalom lui demanda : Ton frère Amnôn t’a-t-il fait violence ? Maintenant, ma sœur, n’en parle pas, c’est ton frère, et ne prends pas la chose trop à cœur !
Dès lors Tamar alla demeurer dans la maison d’Absalom, comme une femme abandonnée.
21Le roi David apprit tout ce qui s’était passé et il en fut très irrité13.21 Un manuscrit hébreu, l’ancienne version grecque et la Vulgate ajoutent ici : il ne fit cependant aucun reproche à Amnôn, car c’était son fils aîné et il l’aimait beaucoup..
22Quant à Absalom, il n’adressait plus la parole à Amnôn, ni en bien, ni en mal, car il l’avait pris en haine à cause du viol de sa sœur Tamar.
Absalom venge sa sœur et prend la fuite
23Deux ans plus tard, Absalom avait les tondeurs à Baal-Hatsor, près d’Ephraïm13.23 Près de Béthel, à 25 kilomètres au nord de Jérusalem (Né 11.33). La tonte des moutons était une occasion annuelle de réjouissances (1 S 25.2-8).. Il invita tous les fils du roi.
24Il se rendit chez le roi et lui dit : Tu sais que ton serviteur fait tondre ses moutons ; que le roi et ses hauts fonctionnaires veuillent bien venir chez ton serviteur !
25Mais le roi lui répondit : Non, mon fils, nous n’allons pas tous venir, ce serait une trop lourde charge pour toi !
Absalom insista, mais le roi refusa l’invitation et lui donna simplement sa bénédiction.
26Absalom reprit : Si tu ne veux pas venir, permets au moins à mon frère Amnôn de nous accompagner.
Le roi lui dit : Pourquoi t’accompagnerait-il ?
27Mais Absalom insista tellement que David laissa partir avec lui Amnôn et tous les autres fils du roi.
28Absalom donna des ordres à ses serviteurs en disant : Quand vous verrez qu’Amnôn sera égayé par le vin, et que je vous dirai : « Frappez Amnôn ! » vous le tuerez. Ne craignez rien, car c’est moi qui en prends la responsabilité. Ayez du courage et soyez forts !
29Les serviteurs d’Absalom exécutèrent les ordres de leur maître et tuèrent Amnôn. Aussitôt, tous les autres fils du roi se levèrent de table, enfourchèrent chacun son mulet et prirent la fuite.
30Ils étaient encore en route quand la nouvelle parvint à David qu’Absalom avait tué tous les fils du roi sans qu’aucun d’eux en réchappe.
31Le roi se leva, déchira ses vêtements en signe de deuil et s’étendit à même le sol. Tous ses ministres se tenaient autour de lui avec leurs habits déchirés13.31 Voir Jos 7.6 ; 1 R 21.27 ; Est 4.1 ; Jb 1.20..
32A ce moment-là, Yonadab, fils de Shimea, le frère de David, prit la parole et déclara : Que mon seigneur ne pense pas que tous les fils du roi ont été tués ; Amnôn seul est mort. Depuis le jour où il a violé sa sœur Tamar, Absalom parlait de le tuer.
33Que le roi mon seigneur ne s’imagine donc pas que tous les princes ont péri ! Non, Amnôn seul est mort.
34Absalom, quant à lui, avait pris la fuite. Lorsque le guetteur regarda au loin, il aperçut soudain une troupe nombreuse arrivant par la route occidentale13.34 L’ancienne version grecque a : par la route de Horonaïm. A la suite du verset, l’ancienne version grecque ajoute : il vint en informer le roi en ces termes : « J’ai vu des hommes arriver par la route de Horonaïm, au flanc de la colline. », au flanc de la colline.
35Alors Yonadab dit au roi : Ce sont les fils du roi qui viennent. Tout s’est passé comme ton serviteur l’a dit.
36A peine achevait-il de parler, que les fils du roi entrèrent et se mirent à parler fort et à pleurer. Alors le roi et toute sa cour se répandirent aussi en pleurs et en lamentations.
37Entre-temps, Absalom avait fui jusque chez Talmaï, fils d’Ammihoud, roi de Gueshour. Pendant tout ce temps, David porta le deuil de son fils.
38Absalom resta pendant trois ans réfugié à Gueshour.
39Le roi David finit par renoncer à poursuivre Absalom13.39 Autres traductions : le roi David languissait après Absalom ou la colère du roi David contre Absalom s’apaisait. Le nom David manque dans le texte hébreu de Qumrân et dans certains manuscrits de l’ancienne version grecque., car il se consolait peu à peu de la mort d’Amnôn.